Contexte
La Chine présente, après l’Inde (avec 106,4 hommes pour 100 femmes en 2011), le rapport de masculinité le plus élevé au monde : 104,9 hommes pour 100 femmes dans sa population en 2010, alors que la moyenne mondiale (Chine et Inde exclues) est de 98,5. Ce déséquilibre présente un caractère inédit dans l’histoire documentée des populations humaines, tant par son échelle que par son impact durable sur la taille et la structure de la population au cours du 21e siècle.
Ce déséquilibre entre les sexes qui touche désormais la population adulte résulte d’une part d’un décalage numérique entre les cohortes successives. En effet, lorsque le nombre de naissances diminue fortement au fil des années, comme en Chine à partir des années 1970, les garçons sont plus nombreux que les filles de quelques années leurs cadettes avec lesquelles, une fois arrivés sur le marché matrimonial, ils sont susceptibles d’entrer en union, compte tenu de l’écart d’âge entre époux. Il est également alimenté par la surmasculinité croissante aux jeunes âges, qui découle des fortes discriminations exercées envers les filles en amont et en aval de leur naissance (avortements sélectifs, négligences dans le traitement des filles entrainant des décès prématurés), ces discriminations étant elles-mêmes la conséquence de la préférence pour les fils dans un contexte de stricte limitation des naissances.
La conséquence la plus immédiate du déséquilibre entre les sexes est une pénurie de partenaires potentielles sur le marché matrimonial ("male marriage-squeeze").
La disponibilité réduite en partenaires féminines sur le marché
matrimonial se traduira par une augmentation significative du
nombre d’hommes qui resteront célibataires contre leur gré, une
augmentation des écarts d’âges entre époux et un développement de
la migration de mariage.
À plus long terme, si la fécondité reste stable, le déficit de
femmes, donc de mères, entraînera une baisse de la natalité et donc
un ralentissement de la croissance démographique.
Contrairement à l’impact démographique, les transformations des
pratiques et des comportements individuels induites par une
disponibilité réduite en partenaires féminines sur les marchés du
mariage et de la sexualité, les stratégies et les enjeux
individuels qui les sous-tendent et leurs conséquences sur la
société, les conditions de vie, les comportements sexuels et les
rôles sexués, restent largement inexplorés.
Pourtant, des processus d’adaptation à cette nouvelle donne sociale
et démographique seront nécessaires.
Pour comprendre comment les discriminations des femmes et les
inégalités dans les rôles sexués persistent, voire se développent,
dans le contexte spécifique d’une disponibilité réduite en
partenaires féminines, DefiChine s’intéresse aux comportements et
aux perceptions des hommes.